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From Dreams to Screens: Le parcours visionnaire de Jason Rodi vers la création de NOMADslow.tv

Updated: May 21

Lors du festival FIKA(S), Jason Rodi a dévoilé le cheminement unique qui l'a mené de ses rêves d'enfance de cinéaste à la création d'une chaîne unique en son genre, NOMADslow.tv. Cette chaîne n'est pas faite pour être regardée au sens traditionnel du terme, mais pour servir de fenêtre sur un "paradis terrestre", changeant notre rapport habituel à la télévision. Porté par une passion indéfectible pour le cinéma et une recherche constante de liberté artistique, Rodi a navigué à travers différentes phases de création, depuis l'établissement de Moment Factory, réputée pour ses environnements vidéo immersifs, jusqu'à la conceptualisation de NOMADslow.tv. Cette dernière incarne son aspiration à présenter un monde idéalisé, et par ce biais, à modifier notre perception collective de l'environnement qui nous entoure. Alimenté par des voyages aux allures de nomade et une méthode cinématographique distinctive, ce projet propose une réflexion méditative sur le monde, en contraste avec les médias traditionnels qui cherchent avant tout à capter notre attention.


Voici donc la transcription intégrale de sa présentation au FIKA(S) de NOMADslow.tv :

Christel Durand :

Christel Durand

FIKA(S) est un festival scandinave visant à tisser des liens entre le Québec et les nations scandinaves et nordiques. Cette année, nous avons inauguré le festival au Monument National, transformé en véritable quartier général pour le week-end. Ce lieu a mis en avant des artistes et artisans locaux qui célèbrent et s'inspirent des arts scandinaves. Dans cette dynamique, il nous tient à cœur de mettre en lumière le projet de slow TV de Jason Rodi, un concept qui rencontre un franc succès en Norvège. Jason a d'ailleurs dédié un épisode de sa série au Cap Nord, en Norvège, ce qui rend sa présence parmi nous d'autant plus pertinente. Nous sommes donc ravis de lui céder la parole pour qu'il partage avec nous ses multiples aventures.

Jason Rodi :

Merci, Christelle. Merci à tous d'être présents. Comme l'a mentionné Christelle, je suis Jason Rodi, et je vais vous parler de mon parcours et de ce qui m'a amené à m'intéresser à la slowTV.

Jason Rodi

Dès mon plus jeune âge, je rêvais de devenir cinéaste, passionné par le cinéma depuis toujours. Un film en particulier, "Singin' in the Rain", que mon grand-père m'avait fait découvrir, m'a profondément marqué. Ce film mettait en scène des cinéastes polyvalents, à la fois acteurs, réalisateurs et chorégraphes, capables d'imaginer une scène et de la concrétiser d'un simple geste. Cette facilité apparente de création m'a fasciné, et dès l'âge de cinq ou six ans, j'ai su que je voulais faire des films.

À cette époque, je croyais naïvement que le monde des films était réel, que c'était dans cet univers que je trouverais ma place une fois adulte. Bien sûr, en grandissant, j'ai compris la complexité de la réalisation cinématographique. Adolescent, j'étais attiré par le jeu d'acteur, mais en approchant de l'université, j'ai réalisé que mon véritable désir était de contrôler ma propre narrative en tant que cinéaste, plutôt que de dépendre des choix d'autres réalisateurs en tant qu'acteur.

J'ai donc poursuivi des études en cinéma, d'abord en Californie pour le côté plus industriel, puis à l'Université de New York pour une approche plus indépendante du cinéma. Cette double formation m'a offert une éducation cinématographique complète et précieuse.

Durant ma dernière année universitaire, je me suis retrouvé face à une crise existentielle, probablement commune chez les jeunes hommes de 21 ans, où l'on commence à affronter la réalité du "vrai monde". Soudainement, on réalise que peut-être, nous ne sommes pas exactement la personne que l'on pensait être. Malgré nos idéaux et nos rêves, confronté à d'autres aspirants cinéastes talentueux, la réalité me rattrapait. C'est dans ce contexte de remise en question que j'ai compris que mon véritable rêve n'était pas tant de réaliser des films au sens traditionnel, mais plutôt de créer une sorte de station télévisuelle, un film sans fin où je pourrais sans cesse ajouter de nouveaux éléments et partager cela avec un public.

C'est entre 1997 et 1998 que j'ai eu cette épiphanie. Elle a été inspirée par un article sur une start-up nommée Netflix, qui envisageait la vidéo sur Internet d'une manière qui résonnait étrangement avec ma propre vision.

De retour à Montréal, que je pensais visiter brièvement, j'ai finalement élu domicile. Cet été-là, un ami, Olivier Rivest, m'a initié au VJing. Dans une boîte de nuit, il utilisait une console reliée à des lecteurs VHS, trois peut-être, pour diffuser en direct des cassettes qu'il avait lui-même créées : ambiances visuelles, remix de films, le genre de visuels qu'on imagine d'un VJ. "Viens, c'est facile," m'a-t-il dit. À 22 ans, j'étais sur le point de prendre un tournant décisif dans ma vie.

Dès l'instant où j'ai pris les commandes du mixeur et aperçu mon travail à l'écran, sans même connaître les sources, j'ai réalisé que je créais sur-le-champ quelque chose de supérieur à tout ce que j'avais produit durant mes études, malgré le fait que j'aie commencé à faire des films bien avant l'université, ayant acquis ma première caméra en huitième année.

Ainsi, guidé purement par mon intuition et rythmé par la musique, je découvrais que je pouvais créer, de manière presque spontanée, des œuvres surpassant celles sur lesquelles je m'étais longuement penché, cherchant à élaborer des récits cohérents. Ce processus de VJing, semblable à ce qu'un DJ fait avec la musique mais transposé aux images, m'a immédiatement séduit.

Je suis devenu passionné par ce processus parce qu'il résonnait profondément avec ce que je préférais par-dessus tout : jouer et improviser, être guidé par l'intuition et endosser le rôle qui s'offrait à moi sur le moment, un peu à l'image de ce que je fais actuellement. Ainsi, cela faisait écho à mon amour pour l'improvisation et pour le cinéma, pour cette manière particulière de raconter des histoires. L'alliance de l'improvisation et du cinéma a donné naissance au VJing, transformant radicalement ma vie.

Dans cet élan de découverte, j'ai eu le sentiment de déconstruire tout ce que j'avais appris jusqu'alors. Les conventions et règles apprises furent comme pulvérisées, libérant un espace créatif sans limites. Cette révélation fut si puissante qu'elle m'a conduit à fonder Moment Factory, une réalisation qui n'a pris que quelques années mais qui m'a paru être une éternité à l'époque.

Moment Factory s'est imposée comme une entreprise pionnière dans la création d'environnements vidéo et d'expériences immersives. À l'époque, nous peinions à trouver les mots justes pour décrire nos activités. Nous étions au-delà du simple VJing. L'idée de MomentFactory.com a émergé de mon désir de réinventer la notion de station télévisuelle. Lancé en août 2001, le site proposait un nouveau film chaque semaine, suscitant peu à peu l'intérêt de la communauté créative montréalaise, dans un contexte où le web était encore peu saturé.

À cette époque, je ne connaissais que trois autres plateformes diffusant des vidéos : iFilms, AtomFilms et Heavy.com. MomentFactory.com se démarquait par son absence de contenu textuel explicatif, il n'y avait pas de section "À propos", ce qui rendait le concept du site mystérieux. C'est autour du huitième "Moment" publié que j'ai commencé à recevoir des contributions spontanées de personnes inconnues, d'autres VJ et artistes vidéo qui s'identifiaient à ma démarche. Sans même l'avoir sollicité, une communauté s'est naturellement formée autour de Moment Factory, générant une curiosité grandissante sur ce que nous étions et ce que nous faisions.



Lorsque les gens s'interrogeaient sur Moment Factory, je renversais la question : "Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?" Plutôt que de définir ce que nous faisions, je cherchais à comprendre les besoins des gens pour voir comment nous pourrions les aider.

Au commencement, nous étions trois associés. Moi, issu du monde du cinéma, Sakchin Bessette, spécialisé dans les décors cinématographiques et la direction artistique, et enfin, Dominic Audet, notre technologue, celui qui rendait nos idées réalisables. Sans Dominic, nos rêves seraient restés de simples fantasmes. C'est grâce à lui que nos visions prenaient forme et devenaient réalité.



Le trio de cinéma, direction artistique et technologie a formé le fondement de Moment Factory. Nous avons commencé à fusionner la vidéo avec l'éclairage, les décors et la performance. Mon objectif personnel, qui remonte à mon enfance, était de transcender l'écran, de créer des expériences où l'on oublie qu'on est devant un film pour s'immerger totalement dans un environnement vidéo. C'est ainsi que, chez Moment Factory, j'ai développé ce concept de vidéo d'ambiance, que j'appelle films atmosphériques.

J'ai continué à réaliser mes propres films. À 25 ans, lors de la première année de Moment Factory, j'ai produit mon premier film, "The Eye of the Son" (L'œil du fils), un documentaire relatant mon ascension du Mont Everest avec mon père. Ce film, réalisé de manière totalement indépendante sans équipe de tournage, se voulait une fiction dans mon esprit, bien que ce fût un documentaire. Pour moi, la manière la plus sincère de raconter cette histoire était de la vivre, et vivre cette aventure était la façon la plus naturelle de la raconter. Le film, très subjectif, suivait un scénario que je considérais fictif, car j'étais en train de vivre l'impensable. Je ne m'arrêtais pas pour me demander si ce que je faisais était réalisable. Mon père me demandait souvent si nous allions réussir, mais je me concentrais uniquement sur l'étape suivante, parfois juste sur le pas suivant, pour ne pas m'accabler et conserver toute mon énergie pour l'ascension.

The Eye of the Son poster

Ce premier film, une fois nominé aux Gémeaux face à des œuvres de David Suzuki, m'a fait réaliser que j'avais réellement produit un documentaire, bien que je ne me sois jamais considéré comme documentariste. Cette approche intuitive de la réalisation, héritée de mon enfance, où je vivais le film de l'intérieur, se reflétait dans mon travail, même de manière involontaire. "L’Œil du Fils", disponible sur YouTube, fut mon premier film. J'ai continué à explorer cette fusion entre rêve et réalité dans mes œuvres suivantes, ce qui m'a finalement conduit à NOMAD.


Pour moi, NOMAD a représenté une rébellion contre une vie qui m'échappait. Moment Factory, bien que succès, s'était transformée en une entité complexe à gérer. J'ai pris conscience qu'il y avait deux ans que je n'avais pas utilisé personnellement ma caméra, que mon travail se limitait à la direction en studio ou à la supervision d'autres artistes. Je ressentais un éloignement de mon essence. C'est cette prise de conscience qui m'a poussé à fonder NOMAD, dans l'espoir de renouer avec ma véritable identité créative.

J'ai choisi le nom NOMAD car tout portait ce nom à cette époque dans ma vie, mais surtout parce que le terme 'Moment Factory' avait été une source d'inspiration incroyable. Sans même avoir une idée précise de ce que Moment Factory deviendrait, ce nom nous a guidés et définis simplement par nos actions et créations. Nous n'avions ni plan d'affaires, ni description formelle de notre identité ; nous demandions aux gens ce que 'Moment Factory' évoquait pour eux. Cela a été une expérience formidable, mais je me suis parfois senti prisonnier de ma propre création.

Je me suis donc demandé quel mot pourrait me guider vers la vie que je souhaite vraiment mener. NOMAD est apparu comme une évidence. Ce terme évoquait non seulement ma vie de voyageur, mais aussi des notions de liberté et d'adaptabilité, l'aisance à changer de direction et à voyager léger, ce qui me correspondait parfaitement. Ainsi, j'ai fondé une nouvelle entreprise dédiée exclusivement au contenu vidéo, revenant à mes fondamentaux.

L'opportunité de vendre Moment Factory, que je n'aurais jamais envisagée auparavant, s'est présentée à moi. Ce soir-là, j'ai réalisé que cela pourrait être bénéfique à la fois pour moi et pour Moment Factory. En effet, je sentais que je limitais l'entreprise avec ma perspective artistique, bien que je ne me considère pas comme un homme d'affaires, mais plutôt comme un artiste. Mes actions étaient guidées par le besoin d'expression personnelle, alors que Moment Factory dépassait largement ma contribution individuelle.

Alors, j’ai fais le move. J’ai donc pris la décision de vendre. Mes deux anciens associés sont toujours impliqués dans l'entreprise. Nous avons toujours partagé un lien fraternel, bien que différent de celui qu'ils partagent sûrement entre eux aujourd’hui. Je crois que Moment Factory a pu atteindre son plein potentiel parce que j'ai eu la sagesse de me retirer et de laisser l'entreprise évoluer. Mes anciens associés ont su développer l'entreprise bien au-delà de ce que j'aurais pu imaginer. Je suis extrêmement fier de ce qu'ils ont accompli et je me félicite d'avoir écouté mon cœur et de m'être tracé mon propre chemin.



Après avoir quitté Moment Factory, j'ai investi dans un bâtiment proche de l'ancien bureau, sur la rue Van Horne, et l'ai nommé NOMAD, même si un bâtiment, par définition, ne se déplace pas. J'ai rapidement réalisé que c'était l'activité à l'intérieur qui était nomade, en constante évolution, changeant chaque jour grâce à nos différents projets et aux contributions des visiteurs.

Mon aspiration à créer une sorte de chaîne télévisuelle n'a jamais disparu. Ainsi, en 2014, je me suis motivé à lancer un projet de streaming disponible 24 heures sur 24 nommé NOMADlive.tv. Avant même l'arrivée de Facebook Live, nous avons trouvé une manière de diffuser en continu. Un ordinateur à NOMAD lançait en boucle des vidéos, nécessitant un renouvellement quotidien de contenu pertinent sans pour autant nous épuiser. La question était de savoir comment maintenir une diffusion continue, 24h/24, tout en assurant la pertinence et la qualité des contenus.

Durant cet été, nous avons couvert tous les festivals montréalais, garantissant une présence active quotidienne de nos caméras sur le terrain. Les flux captés étaient transmis à NOMAD, où quelqu'un se chargeait de mixer ces différentes sources en direct. Ainsi, lors d'événements comme Osheaga, nous pouvions disposer de deux ou trois caméras, parfois toutes focalisées sur le même concert ou bien capturant différents spectacles simultanément. Un opérateur chez NOMAD jouait le rôle de VJ, mixant ces flux en temps réel tout en interagissant avec les caméras "nomades" sur place et en s'adressant directement au public.



C'est ainsi que notre streaming a débuté, façonnant ma technique de captation : réaliser de longs plans captivants, équivalents à un montage en direct effectué avec une seule caméra. Cette méthode m'a permis de filmer, par exemple, une performance musicale sous un angle unique, en mouvement constant pour maintenir l'intérêt du spectateur. Des plans pouvaient ainsi s'étendre sur 20 minutes, voire plus, tout en restant dynamiques. J'ai également adopté cette approche pour les interviews, menées caméra à la main, en mouvement, ce qui s'éloignait des formats conventionnels. En me déplaçant ainsi, souvent vers l’arrière, au cœur de l'agitation festivalière, j'ai appris à maintenir l'attrait visuel malgré les aléas du moment, rendant chaque prise vivante et engageante.

Cette technique de capturer des plans continus, des séquences prolongées exploitables sans montage préalable, enrichissait notre flux en continu d'un assortiment aléatoire de contenus pertinents. Nous retravaillons ensuite ces longs métrages le jour même, réduisant parfois vingt minutes de film à une ou deux minutes pour les partager sur les réseaux sociaux. Ainsi, nous avons peaufiné notre méthode de production unique, adoptant une approche de tournage perpétuellement en direct. Cette démarche a forgé ma signature en tant que réalisateur, définissant mon expression artistique personnelle. Plongé dans l'instant, j'adopte un état d'esprit qui me connecte pleinement au présent via la caméra.

Mon entourage, notamment mes filles et ma conjointe, m'encourage parfois à poser ma caméra pour vivre pleinement l'instant. Je leur explique que c'est précisément l'acte de filmer qui m'ancre dans le moment présent, me transportant dans une "zone" où je deviens le véhicule de mon œuvre. Cette immersion totale dans la réalisation m'a accompagné jusqu'aux confins du monde. NOMADlive.tv a ainsi diffusé en direct pendant deux années, témoignant de cette quête incessante du moment présent à travers l'objectif de ma caméra.

En 2020, j'ai donné vie à NOMADslow.tv, en m'appuyant sur cette approche de production singulière, propre à NOMAD, où chaque séquence est captée dans cet esprit vivant, LIVE. Voilà désormais près de quatre ans que NOMADslow.tv émet sans interruption.


NOMADslow.tv

Aux premières heures de NOMADslow.tv, en pleine pandémie, mes séances de tournage étaient restreintes à Montréal. L'achat d'une maison en dehors de la ville, dans les Cantons de l'Est, a toutefois élargi mes perspectives. Avec la réouverture graduelle du Québec, j'ai entrepris une série à travers la province. L'assouplissement des restrictions a ensuite pavé la voie à mes expéditions internationales pour NOMADslow.tv. Aujourd'hui, je parcours le monde, explorant une variété de paysages, urbains et sauvages, plongé dans une "zone" de sérénité monastique.

Lors d'un voyage au Japon, dans ma jeunesse, j'ai observé un moine avançant avec une lenteur méditative au milieu d'une foule pressée, expérience qui m'a marqué. Depuis, je me vois souvent dans la peau de ce moine, particulièrement quand je traverse un champ, caméra à la main, suivant la lumière. Mes mouvements, d'une grande douceur, s'accompagnent parfois d'un enregistrement sonore qui requiert un silence absolu de ma part, au point de vouloir atténuer le bruit de mes propres souffles et pas. Ce calme et cette discrétion m'ont révélé combien, même en nature, nous, humains, pouvons être bruyants. Immergé ainsi dans divers paysages, j'ai développé une conscience accrue, m'ouvrant à des aspects de la vie sauvage que j'aurais autrement négligés. Ainsi, au gré de mes déambulations, je me laisse guider par le moindre mouvement, suivant la faune avec ma caméra, capturant leur essence tranquille dans le viseur.

Cette prise de conscience accrue, découverte à travers mes errances, enrichit ma vie quotidienne. L'état d'esprit que j'explore peut être qualifié, en psychologie, de "soft fascination" ou fascination douce, un concept introduit par les psychologues Kaplan dans les années 80. Cet état se manifeste souvent lors de promenades en nature, où notre attention est éparpillée ou diffuse plutôt que concentrée sur un unique point d'intérêt. Actuellement, vous me prêtez attention, ce que j'apprécie grandement, mais lors d'une balade en nature, par exemple, notre attention n'est captée par aucun élément spécifique. Nous embrassons l'ensemble : la sensation du soleil, le frémissement des feuilles, le lointain murmure d'une rivière. C'est la "soft fascination” ou fascination douce : un émerveillement qui nous maintient pleinement présents, loin des distractions habituelles telles que les téléphones ou l’Internet. Le slow TV vise à reproduire cet effet, contrairement à la majorité des contenus médiatiques conçus pour monopoliser notre attention, que ce soit à travers des images, des films, des actualités ou des publicités.

Personnellement, je suis un “screen addict”. Ce n'est pas des blagues. J'ai toujours besoin de mes écrans allumés chez moi. Lorsque je suis en train de travailler pour faire quoi que ce soit, je veux être en train d'écouter quelque chose. Je suis dans la douche, j'ai un vidéo qui roule. Quand je me brosse les dents, j'ai mon téléphone qui roule avec un podcast ou un vidéo quelconque. Je suis capable d'écouter un podcast pendant que je fais du montage, plus autres choses que je joue ailleurs. Autant que je suis capable d'en prendre, I’ll do it. C’est une maladie, et le remède pour cette maladie, c'est le slow tv. C'est ce que moi j'ai trouvé.

Notre application NOMADslow.tv, accessible gratuitement, lance automatiquement le flux en streaming. La musique, généralement de type ambiant, est conçue pour ne pas distraire. Personnellement, je la désactive souvent. Je recommande, pour ceux qui l'utilisent via Roku, Fire TV ou tout autre dispositif, de couper le son et, si désiré, d'écouter d'autres musiques.

Lorsque je suis occupé, que ce soit à rédiger un e-mail ou à donner une entrevue téléphonique, je me retrouve souvent captivé par les images diffusées. Même en pleine conversation, mon regard reste fixé sur l'écran. Loin de constituer une gêne, ces images longues et ininterrompues me plongent dans mon flow, m'hypnotisent et me recentrent sur l'instant présent, me procurant une sensation méditative et éveillée.

L'utilisation en mode écran de veille est également très agréable. Si vous laissez votre ordinateur inactif quelques instants, le flux se lancera automatiquement, vous permettant de vous évader jusqu'à ce que vous soyez prêt à reprendre le travail. C'est comme de petits moments de méditation gratuits, sans effort, qui maintiennent notre flux et nous ramènent à notre conscience quotidienne.



Ainsi, même si je passe ma journée à écouter YouTube, quand je commence ma routine matinale, j'allume NOMADslow.tv sur mon téléphone pour me recentrer. Cela m'aide à me reconnecter et à récupérer mes propres pensées. La plupart des médias cherchent à imposer des pensées extérieures, mais NOMADslow.tv adopte une approche différente, favorisant l'émergence de nos réflexions personnelles.

Mes débuts dans le slow TV en 2020 se distinguaient nettement de mes réalisations antérieures, comme les vidéos de VJ ou les ambiances que je créais pour MomentFactory.com, qui étaient plus dynamiques et accompagnées de musique techno. Ce fut une période d'apprentissage intense, au cours de laquelle j'ai découvert cet état d'esprit particulier sur le terrain.

La présence humaine dans les images peut parfois capter l'attention du spectateur. C'est pourquoi, dans le cadre d'ANTENNAE, un projet semblable à un show dans l'esprit de Soul Train pour NOMADslow.tv, nous jouons avec les silhouettes. Cette approche est devenue une expertise, un savoir-faire que j'ai acquis naturellement au fil de mes tournages, cherchant à transmettre cet état d'esprit à travers l'écran.


ANTENNAE.tv

Qu'est-ce que la slow TV, au juste ? Ce n'est pas moi qui l'ai inventée ! Ce concept existe depuis une quinzaine d'années et trouve ses origines en Norvège, d'où l'intérêt scandinave pour ma présence ici. L'idée initiale norvégienne était simple : placer une caméra sur un bateau naviguant à travers le pays pendant 24 heures. On pourrait croire que c'est anodin, mais l'événement a suscité un grand intérêt. Des gens sont venus au bord de l'eau pour accueillir le bateau et apparaître à l'écran, créant ainsi une belle dynamique sociale. Le genre s'est ensuite diversifié, incluant par exemple la retransmission d'un trajet ferroviaire à travers l'Europe, disponible sur Netflix. J'ai regardé ce dernier, et il offre une expérience de voyage fascinante sur 8 heures.

Cependant, NOMADslow.tv se distingue considérablement de ces premières expériences de slow TV. Je me demande parfois si le terme "slow TV" est vraiment adéquat pour décrire ce que je fais, que je qualifie parfois de "poésie visuelle". Contrairement au slow TV traditionnel, je travaille l'image de manière plus approfondie, en y ajoutant de la musique ou des sons naturels et en créant une expérience avec un design sonore et visuel. Cela confère à mes œuvres une dimension cinématographique, artistique, et parfois même subjective. Ainsi, là où un plan unique de 8 heures peut finir par perdre de son intérêt faute de variété, j'introduis une intention créative qui enrichit et élève le genre.

Pour moi, NOMADslow.tv est devenue une fenêtre ouverte sur un paradis terrestre. Je ne montre pas le monde tel qu'il est, mais plutôt une version idéalisée, à travers le prisme de ma perception.

Dès mon plus jeune âge, le cinéma avait le pouvoir de m'émouvoir profondément, au point de verser des larmes devant la splendeur des images. Cette capacité qu'ont les films à nous transporter ailleurs, à nous faire vivre des émotions intenses, m'affectait particulièrement étant enfant. L'anticipation en entrant dans une salle de cinéma, avant même que le film ne commence, me donnait des frissons. Puis, inspiré par ce que je venais de voir, qu'il s'agisse d'un film de ninja ou d'autre chose, je me sentais investi de ces mêmes pouvoirs ou aventures. C'est cette sensation, ce "moment de cinéma", que j'ai commencé à associer à l'état d'être pleinement présent dans l'instant.

Être pleinement présent, c'est vivre un moment de transcendance où l'on s'oublie soi-même, où l'on se fond dans l'expérience humaine. Ces instants me rappellent ceux passés au cinéma, me bouleversant jusqu'aux larmes. En tant que cinéaste désireux de vivre une existence digne d'un film, je réalise que chercher à vivre pleinement ces moments revient à rester ancré dans l'instant présent, à être immergé dans le "film" de ma propre vie.

Cette vision idyllique du paradis terrestre est comme une fenêtre constamment ouverte sur le monde, une présence immuable qui ne demande ni choix ni attention particulière. Le flux de NOMADslow.tv se déclenche de lui-même, se transformant en écran de veille si vous le configurez ainsi, ou simplement en continuant à diffuser sans que vous ayez à décider quoi regarder. Il n'y a ni FORWARD, ni BACK, seulement l'instant présent, le NOW. Cette fenêtre, que vous pouvez intégrer dans votre espace, reste allumée comme une veilleuse, sauf lorsque vous choisissez délibérément de regarder un film. Elle s'illumine dès le matin dans ma chambre, offrant une ouverture sur ce paradis terrestre et marquant le début de ma journée.

Les médias façonnent notre vision du monde, peuplant notre perception de multiples images consommées au quotidien. Ainsi, posséder une fenêtre qui contrebalance cette vision, qui révèle le paradis dans lequel nous vivons — pour ceux qui choisissent de le voir — devient essentiel pour moi.

Je cherche, d'une certaine manière, à jouer un tour à la réalité, à persuader le monde de sa propre beauté. Sans mots, sans nécessité d'explication, cette démarche a le pouvoir de transformer notre perception du monde et, potentiellement, le monde lui-même.

Je suis convaincu que ça marche vraiment. Cela fonctionne pour moi, et j'ai des amis qui l'utilisent depuis un moment et qui me disent : "Tu sais, je mets ton slow TV en fond tout le temps à la maison, et c'est super. Ça m'aide à me concentrer et à rester zen. Ça me garde dans mon flow." To live my myth, d'une certaine manière. Ce ne sont pas exactement leurs mots, mais c'est ainsi que je l'interprète. Vivre son propre mythe, parce que quand on est constamment distrait par ci et par là, on se perd soi-même. On n'est plus dans notre propre histoire.

C'est cette vision que je souhaite transmettre. C'est l'essence de ce que j'ai tenté d'exprimer à travers mes films, Moment Factory, et désormais à travers NOMADslow.tv — ce cinéma sans fin, cet univers infini que je nourris inlassablement avec la plus grande facilité. Pour un artiste comme moi, la création de ces films est d'une simplicité naturelle. Autrefois, capturant la beauté éphémère sans savoir pourquoi, je me retrouvais contraint de stopper l'enregistrement, faute de savoir exploiter de telles séquences. La norme voulait que tout soit concis pour captiver. Mais le slow TV m'a offert une liberté totale : si c'est beau, cela suffit. Laisser la beauté exister, en mouvement, sans se contenter de la contempler passivement, mais en la laissant s'épanouir.

Et après le tournage, c'est pareil au montage : je laisse mes plans se dérouler. Je brise parfois la perspective, comme je sais le faire, pour créer de l'abstraction et renforcer cet effet de "soft fascination". Laisser le sens des images et du moment devenir propre à chacun.

Je vous encourage vivement à découvrir NOMADslow.tv, peu importe où vous regardez habituellement votre Netflix, Disney, Crave, ou autre. C'est installé de la même façon. Et voilà, c'est simplement ça : un flux, un film sans fin, un "stream of consciousness".


Visionnez NØRD FIKA(S) Remix sur NOMADslow.tv/norway

NØRD FIKA(S) remix | NOMADslow.tv

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And now, here is the English translation of the conference, for your convenience :


At the FIKA(S) festival, Jason Rodi revealed the unique journey that led him from his childhood dreams of becoming a filmmaker to the creation of a one-of-a-kind channel, NOMADslow.tv. This channel is not meant to be watched in the traditional sense but serves as a window to a "terrestrial paradise," changing our usual relationship with television. Driven by an unwavering passion for cinema and a constant search for artistic freedom, Rodi navigated through various creative phases, from establishing Moment Factory, known for its immersive video environments, to the conceptualization of NOMADslow.tv. The latter embodies his aspiration to present an idealized world and, through this, to alter our collective perception of the environment around us. Fueled by nomadic travels and a distinctive cinematic method, this project offers a meditative reflection on the world, in contrast to traditional media that primarily seeks to capture our attention.

Here is the complete transcript of his presentation at FIKA(S) for NOMADslow.tv:

Christel Durand: FIKA(S) is a Scandinavian festival aimed at forging links between Quebec and the Scandinavian and Nordic nations. This year, we inaugurated the festival at the National Monument, transformed into a true headquarters for the weekend. This venue highlighted local artists and craftsmen who celebrate and draw inspiration from Scandinavian arts. In this dynamic, it is important to us to spotlight Jason Rodi's slow TV project, a concept that has been very successful in Norway. Jason has even dedicated an episode of his series to North Cape in Norway, making his presence among us all the more relevant. We are therefore delighted to give him the floor to share his many adventures with us.

Jason Rodi: Thank you, Christelle. Thank you to everyone for being here. As Christelle mentioned, I am Jason Rodi, and I will talk about my journey and what led me to become interested in slow TV.

From a very young age, I dreamed of becoming a filmmaker, always passionate about cinema. One film in particular, "Singin' in the Rain," which my grandfather introduced to me, deeply marked me. This film featured versatile filmmakers who were actors, directors, and choreographers all at once, capable of imagining a scene and bringing it to life with a simple gesture. This apparent ease of creation fascinated me, and from the age of five or six, I knew I wanted to make films.

At that time, I naively believed that the world of films was real, that it was in this universe I would find my place once I grew up. Of course, as I grew older, I understood the complexity of filmmaking. As a teenager, I was drawn to acting, but as I approached university, I realized that my true desire was to control my own narrative as a filmmaker, rather than depending on the choices of other directors as an actor.

So, I pursued film studies, initially in California for its more industrial focus, and then at the University of New York for a more independent approach to cinema. This dual education provided me with a comprehensive and valuable cinematic education.

During my last year at university, I faced an existential crisis, probably common among 21-year-old men, where one begins to confront the reality of the "real world." Suddenly, you realize that perhaps you are not exactly the person you thought you were. Despite our ideals and dreams, being confronted with other talented aspiring filmmakers, reality caught up with me. It was in this context of questioning that I understood that my true dream was not so much to make films in the traditional sense but rather to create a sort of television station, an endless film where I could continuously add new elements and share this with an audience.

It was between 1997 and 1998 that I had this epiphany, inspired by an article about a startup called Netflix, which envisioned video on the internet in a way that strangely resonated with my own vision.

Back in Montreal, which I thought I'd visit briefly, I ended up settling down. That summer, a friend, Olivier Rivest, introduced me to VJing. In a nightclub, he used a console connected to VHS players, maybe three, to broadcast tapes he had created himself: visual atmospheres, movie remixes, the kind of visuals one imagines from a VJ. "Come on, it's easy," he told me. At 22, I was about to take a decisive turn in my life.

The moment I took control of the mixer and saw my work on the screen, even without knowing the sources, I realized that I was creating something on the spot that was superior to anything I had produced during my studies, despite having started making films well before university, having bought my first camera in eighth grade.

Thus, guided purely by my intuition and paced by the music, I discovered that I could create, almost spontaneously, works that surpassed those on which I had long pondered, trying to develop coherent narratives. This VJing process, similar to what a DJ does with music but translated to visuals, immediately captivated me.

I became passionate about this process because it resonated deeply with what I cherished most: cinema and improv, being guided by intuition, and taking on the role that presented itself to me in the moment, much like what I do now. Thus, it echoed my love for improvisation and for cinema, for this unique way of telling stories. The fusion of improvisation and cinema gave birth to VJing, radically transforming my life.

In this surge of discovery, I felt as though I was deconstructing everything I had learned up to that point. The learned conventions and rules were shattered, freeing a boundless creative space. This revelation was so powerful that it led me to found Moment Factory, a venture that took only a few years but seemed like an eternity at the time.

Moment Factory established itself as a pioneering company in creating video environments and immersive experiences. At the time, we struggled to find the right words to describe our activities; we were beyond simple VJing. The idea for MomentFactory.com arose from my desire to reinvent the concept of a television station. Launched in August 2001, the site offered a new film each week, gradually sparking interest in the creative community of Montreal, in a context where the web was still not oversaturated.

At that time, I only knew of three other platforms broadcasting videos: iFilms, AtomFilms, and Heavy.com. MomentFactory.com stood out due to its lack of explanatory text content; there was no "About" section, which made the concept of the site mysterious. It was around the eighth "Moment" published that I began receiving spontaneous contributions from unknown individuals, other VJs, and video artists who identified with my approach. Without even soliciting it, a community naturally formed around Moment Factory, generating growing curiosity about what we were and what we were doing.

When people inquired about Moment Factory, I would reverse the question: "What does it mean to you?" Instead of defining what we did, I sought to understand people's needs to see how we could assist them.

In the beginning, there were three partners. Myself, from the world of cinema; Sakchin Bessette, specialized in cinematic set design and art direction; and finally, Dominic Audet, our technologist, the one who made our ideas feasible. Without Dominic, our dreams would have remained mere fantasies. It was thanks to him that our visions took shape and became reality.

The trio of cinema, art direction, and technology formed the foundation of Moment Factory. We began to merge video with lighting, sets, and performance. My personal goal, which dates back to my childhood, was to transcend the screen, to create experiences where one forgets they are watching a film to become fully immersed in a video environment. This is how I developed the concept of ambient video, which I call atmospheric films, at Moment Factory.

I continued making my own films. At the age of 25, during the first year of Moment Factory, I produced my first film, "The Eye of the Son," a documentary depicting my ascent of Mount Everest with my father. This film, made entirely independently without a film crew, was intended as fiction in my mind, though it was a documentary. For me, the most authentic way to tell this story was to live it, and living this adventure was the most natural way to narrate it. The film, highly subjective, followed a script I considered fictional because I was living the unimaginable. I didn't stop to question whether what I was doing was feasible. My father often asked if we would succeed, but I focused solely on the next step, sometimes just the next footstep, so as not to overwhelm myself and to conserve all my energy for the ascent.

This first film, once nominated for a Gemini Award against works by David Suzuki, made me realize that I had indeed produced a documentary, although I had never considered myself a documentarian. This intuitive approach to filmmaking, inherited from my childhood where I lived the film from the inside, was reflected in my work, even unintentionally. "The Eye of the Son," available on YouTube, was my first film. I continued to explore this blend of dream and reality in my subsequent works, which ultimately led me to NOMAD.

For me, NOMAD represented a rebellion against a life that was slipping away. Moment Factory, although successful, had become a complex entity to manage. I realized that it had been two years since I had personally used my camera, that my work was limited to directing in the studio or supervising other artists. I felt a detachment from my essence. This realization pushed me to found NOMAD, in hopes of reconnecting with my true creative identity.

I continued making my own films. At the age of 25, during the first year of Moment Factory, I produced my first film, "The Eye of the Son," a documentary depicting my ascent of Mount Everest with my father. This film, made entirely independently without a film crew, was intended as fiction in my mind, though it was a documentary. For me, the most authentic way to tell this story was to live it, and living this adventure was the most natural way to narrate it. The film, highly subjective, followed a script I considered fictional because I was living the unimaginable. I didn't stop to question whether what I was doing was feasible. My father often asked if we would succeed, but I focused solely on the next step, sometimes just the next footstep, so as not to overwhelm myself and to conserve all my energy for the ascent.

This first film, once nominated for a Gemini Award against works by David Suzuki, made me realize that I had indeed produced a documentary, although I had never considered myself a documentarian. This intuitive approach to filmmaking, inherited from my childhood where I lived the film from the inside, was reflected in my work, even unintentionally. "The Eye of the Son," available on YouTube, was my first film. I continued to explore this blend of dream and reality in my subsequent works, which ultimately led me to NOMAD.

For me, NOMAD represented a rebellion against a life that was slipping away. Moment Factory, although successful, had become a complex entity to manage. I realized that it had been two years since I had personally used my camera, that my work was limited to directing in the studio or supervising other artists. I felt a detachment from my essence. This realization pushed me to found NOMAD, in hopes of reconnecting with my true creative identity.

After leaving Moment Factory, I invested in a building close to the old office on Van Horne Street and named it NOMAD, even though a building, by definition, does not move. I quickly realized that it was the activity inside that was nomadic, constantly evolving, changing every day through our various projects and visitor contributions.

My desire to create a type of television channel never faded. Thus, in 2014, I was motivated to launch a 24-hour streaming project called NOMADlive.tv. Even before the advent of Facebook Live, we found a way to broadcast continuously. A computer at NOMAD continuously looped videos, requiring a daily renewal of relevant content without exhausting us. The challenge was how to maintain continuous, 24-hour broadcasting while ensuring the relevance and quality of the content.

During that summer, we covered all the Montreal festivals, ensuring an active daily presence of our cameras on the ground. The captured streams were transmitted to NOMAD, where someone mixed these different sources live. At events like Osheaga, we could have two or three cameras, sometimes all focused on the same concert or capturing different performances simultaneously. An operator at NOMAD acted as a VJ, mixing these streams in real-time while interacting with the "nomadic" cameras on the ground and directly addressing the audience. This is how our streaming began, shaping my filming technique: creating long, captivating shots, equivalent to live editing with a single camera. This method allowed me to film, for example, a musical performance from a unique angle, constantly moving to keep the viewer's interest. Shots could thus last 20 minutes or more while remaining dynamic. I also adopted this approach for interviews, conducted with a handheld camera in motion, which deviated from conventional formats. Moving in this way, often backwards amidst the festival hustle, I learned to maintain visual appeal despite the unpredictability of the moment, making each take lively and engaging.

This technique of capturing continuous shots, prolonged sequences that are usable without prior editing, enriched our live stream with a random assortment of relevant content. We then rework these long features on the same day, sometimes reducing twenty minutes of footage to one or two minutes to share on social media. Thus, we have refined our unique production method, adopting an approach of perpetually live shooting. This process has shaped my signature as a director, defining my personal artistic expression. Immersed in the moment, I adopt a mindset that fully connects me to the present through the camera.

My family, especially my daughters and my partner, sometimes encourage me to put down my camera and fully experience the moment. I explain to them that it is precisely the act of filming that anchors me in the present moment, transporting me into a "zone" where I become the conduit of my work. This total immersion in filmmaking has accompanied me to the ends of the earth. NOMADlive.tv thus broadcast live for two years, reflecting this relentless pursuit of the present moment through the lens of my camera.

In 2020, I brought NOMADslow.tv to life, relying on this unique production approach inherent to NOMAD, where each sequence is captured in this vibrant, LIVE spirit. It has now been nearly four years that NOMADslow.tv has been broadcasting non-stop.

In the early days of NOMADslow.tv, amid the pandemic, my filming sessions were confined to Montreal. However, purchasing a house outside the city, in the Eastern Townships, broadened my horizons. With the gradual reopening of Quebec, I embarked on a series across the province. The easing of restrictions then paved the way for my international expeditions for NOMADslow.tv. Today, I travel the world, exploring a variety of landscapes, both urban and wild, immersed in a monastic serenity "zone."

During a trip to Japan in my youth, I observed a monk moving with meditative slowness amid a bustling crowd, an experience that left a lasting impression on me. Since then, I often see myself in the role of that monk, especially when I am crossing a field, camera in hand, following the light. My movements are gentle, sometimes accompanied by a sound recording that requires absolute silence on my part, to the extent that I try to muffle the sound of my own breath and footsteps. This quietness and discretion have revealed to me how noisy we humans can be, even in nature. Immersed in various landscapes, I have developed an increased awareness, opening myself up to aspects of wildlife I might have otherwise overlooked. As I wander, I allow myself to be guided by the slightest movement, following wildlife with my camera, capturing their tranquil essence through the lens.

This heightened awareness, discovered through my wanderings, enriches my daily life. The mindset I explore can be described, in psychological terms, as "soft fascination," a concept introduced by psychologists Rachel and Stephen Kaplan in the 1980s. This state often occurs during walks in nature, where our attention is scattered or diffuse rather than focused on a single point of interest. Currently, you are giving me your attention, which I greatly appreciate, but during a walk in nature, for instance, our attention is not captured by any specific element. We take in everything: the sensation of the sun, the rustling of leaves, the distant murmur of a river. This is "soft fascination": a sense of awe that keeps us fully present, away from the usual distractions such as phones or the internet. Slow TV aims to replicate this effect, unlike most media content designed to monopolize our attention, whether through images, films, news, or advertisements.

Personally, I am a "screen addict." It's no joke. I always need my screens on at home. When I am working on anything, I need to be listening to something. In the shower, I have a video playing. When I brush my teeth, I have my phone playing a podcast or some video. I can listen to a podcast while I'm editing, plus other things I play elsewhere. As much as I can take in, I'll do it. It’s an addiction, and the remedy for this addiction, for me, is slow TV.

Our NOMADslow.tv app, which is free to access, automatically launches the streaming feed. The music, usually ambient, is designed not to distract. Personally, I often turn it off. I recommend, for those using it on Roku, Fire TV, or any other device, to turn off the sound and, if desired, listen to other music.

When I am busy, whether writing an email or conducting a phone interview, I often find myself captivated by the images being broadcast. Even during a conversation, my gaze stays fixed on the screen. Far from being a nuisance, these long, uninterrupted images immerse me in my flow, hypnotize me, and refocus me on the present moment, providing a meditative and awakening sensation.

Using it as a screensaver is also very pleasant. If you leave your computer idle for a few moments, the stream will automatically start, allowing you to escape until you are ready to return to work. It's like little moments of free meditation, effortless, that maintain our flow and bring us back to our daily consciousness.

Thus, even though I spend my day listening to YouTube, when I start my morning routine, I turn on NOMADslow.tv on my phone to center myself. It helps me reconnect and gather my own thoughts. Most media tries to impose external thoughts, but NOMADslow.tv takes a different approach, fostering the emergence of our personal reflections.

My foray into slow TV in 2020 was markedly different from my previous works, such as the VJ videos or the atmospheres I created for MomentFactory.com, which were more dynamic and accompanied by techno music. It was a period of intense learning, during which I discovered this particular mindset on the ground.

The human presence in the images can sometimes capture the viewer's attention. That's why, as part of ANTENNAE, a project akin to a show in the spirit of Soul Train for NOMADslow.tv, we play with silhouettes. This approach has become an expertise, a skill that I naturally acquired over the course of my filming, seeking to convey this mindset through the screen.

What exactly is slow TV? I didn't invent it! This concept has been around for about fifteen years and originated in Norway, hence the Scandinavian interest in my presence here. The initial Norwegian idea was simple: place a camera on a boat navigating through the country for 24 hours. It might seem trivial, but the event attracted significant interest. People came to the waterfront to greet the boat and appear on camera, thus creating a wonderful social dynamic. The genre then diversified, including, for example, the broadcasting of a train journey across Europe, available on Netflix. I watched this, and it offers a fascinating eight-hour travel experience.

However, NOMADslow.tv significantly diverges from these initial slow TV experiences. I sometimes wonder if the term "slow TV" is really adequate to describe what I do, which I sometimes call "visual poetry." Unlike traditional slow TV, I work the image more deeply, adding music or natural sounds and creating an experience with sound and visual design. This gives my works a cinematic, artistic, and sometimes subjective dimension. Thus, where a single 8-hour shot may lose interest due to lack of variety, I introduce a creative intention that enriches and elevates the genre.

For me, NOMADslow.tv has become a window open to an earthly paradise. I do not show the world as it is, but rather an idealized version, through the prism of my perception.

From a young age, cinema had the power to deeply move me, to the point of shedding tears at the splendor of the images. This ability of films to transport us elsewhere, to make us experience intense emotions, particularly affected me as a child. The anticipation of entering a movie theater, even before the film had started, gave me chills. Then, inspired by what I had just seen, whether it was a ninja movie or something else, I felt imbued with those same powers or adventures. It is this sensation, this "movie moment," that I began to associate with the state of being fully present in the moment.

Being fully present is to live a moment of transcendence where one forgets oneself, where one merges with the human experience. These moments remind me of those spent in the cinema, moving me to tears. As a filmmaker eager to live a life worthy of a movie, I realize that seeking to fully live these moments means staying anchored in the present, being immersed in the "film" of my own life.

This idyllic vision of earthly paradise is like a window constantly open to the world, an unchanging presence that requires no choice or special attention. The stream of NOMADslow.tv triggers itself, turning into a screensaver if you set it up that way, or simply continuing to broadcast without you having to decide what to watch. There's no FORWARD, no BACK, only the present moment, the NOW. This window, which you can integrate into your space, remains on like a nightlight, except when you choose to deliberately watch a film. It lights up in the morning in my bedroom, offering an opening to this earthly paradise and marking the start of my day.

Media shapes our vision of the world, populating our perception with multiple images consumed daily. Thus, having a window that counterbalances this view, which reveals the paradise in which we live—for those who choose to see it—becomes essential to me.

In a way, I seek to play a trick on reality, to persuade the world of its own beauty. Without words, without the need for explanation, this approach has the power to transform our perception of the world and, potentially, the world itself.

I am convinced that it really works. It works for me, and I have friends who have been using it for a while and tell me: "You know, I put your slow TV on in the background all the time at home, and it's great. It helps me to concentrate and stay calm. It keeps me in my flow." To live my myth, in a way. These aren't exactly their words, but that's how I interpret it. To live your own myth, because when you're constantly distracted here and there, you lose yourself. You're no longer in your own story.

This vision is what I aim to share. It encapsulates what I've tried to convey through my films, Moment Factory, and now through NOMADslow.tv—this endless cinema, this infinite universe that I tirelessly feed with the utmost ease. For an artist like me, creating these films is naturally straightforward. In the past, capturing ephemeral beauty without understanding why, I found myself forced to stop recording because I didn't know how to utilize such footage. The norm dictated that everything be concise to captivate. But slow TV has granted me total freedom: if it's beautiful, that's enough. Let beauty exist in motion, not just to be passively observed, but to be allowed to flourish.

And after filming, the same principle applies to editing: I let my shots unfold. I sometimes break the perspective, as I know how to, to create abstraction and enhance the effect of "soft fascination." Letting the meaning of the images and the moment become personal to each viewer.

I strongly encourage you to discover NOMADslow.tv, no matter where you usually watch your Netflix, Disney, Crave, or others. It's set up in the same way. And there you have it, it's simply this: a stream, an endless film, a "stream of consciousness."

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